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Bonjour,
Les négociations sur la PAC touchent à leur fin : le dernier trilogue a permis d’aboutir à un accord européen sur les 3 volets de la PAC : plans stratégiques, règlement horizontal et Organisation commune des marchés (OCM). Nous avons repris le communiqué de presse d’Éric Andrieu : PAC : ACCORD EUROPÉEN SUR L’ORGANISATION COMMUNE DES MARCHÉS, rapporteur du volet OCM, membre du Comité d’orientation stratégique d’Agriculture Stratégies. Le volet OCM est le seul à avoir progressé dans le sens d’une protection des agriculteurs, amenant « davantage de régulation que de dérégulation ». Une étape nécessaire à la protection du revenu des agriculteurs, indispensable pour que ceux-ci soient en mesure de prendre les risques liés au changement vers des pratiques encore plus respectueuses de l’environnement.
Pourtant, cette prise en compte croissante de l’environnement que l’on observe au fil des réformes de la PAC depuis le début des années 2000 n’est toujours pas suffisante aux yeux de la Cour des Comptes Européennes, qui vient de sortir un rapport qui critique l’absence d’effet de la dernière PAC sur la réduction de GES. Agriculture et environnement : la PAC à est-elle côté de la plaque ? Mais comment parvenir à poursuivre deux objectifs aussi contradictoires que ceux de rester compétitifs au sein d’un marché mondial et de protéger l’environnement ?
Alors qu’Emmanuel Macron lors du colloque « Souveraineté alimentaire : un enjeu capital pour l’agriculture » a rappelé la nécessité de limiter les importations à bas prix vis la mise en œuvre de « la clause miroir, c’est-à-dire le fait de pouvoir refléter nos contraintes avec les gens avec qui nous échangeons », l’UE semble continuer à vouloir à tout prix continuer à conclure des accords de libre-échange, ouvrant ainsi toujours davantage son marché intérieur. Le gain espéré justifie-t-il la mise en danger des secteurs sensibles ? Dans une étude de la Commission, la conclusion de ces nouveaux ALE en cours de discussion sera positive, puisqu’elle permettra une amélioration de la balance commerciale. Etant donné que ces prévisions utopistes de la Commission s’appuient sur les modélisations inadaptées de l’OCDE qui envisagent un futur irréaliste sans aucune variation de prix, d’offre ou de demande, comment pouvait-il en être autrement ?
Pendant que l’Europe réduit le budget de sa PAC, l’Agriculture reste la priorité n°1 du gouvernement chinois depuis 18 années consécutives, avec des résultats probants. Après seulement huit années, les efforts concédés ont permis de sortir de la pauvreté quelques 100 millions d’habitants démunis des zones rurales. Le pays qui dispose des stocks les plus élevés du monde continue à vouloir assurer son autonomie alimentaire, et maintiendra une stabilité de ses superficies semées, avec une production céréalière de plus de 650 millions de tonnes, soit plus de 95% de la consommation. Dans le même temps, le gouvernement maintient sa politique de prix garantis, mise en œuvre depuis 2004, sur le blé (295€/T) et le riz.
Bonne lecture,
Jacques Carles, Président d’Agriculture Stratégies
Le 21 juillet 2021