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L’Edito de Bernard Ader, Président d’Agriculture Stratégies
« Pour un Projet Agricole Commun »
Le rapport du groupe de dialogue stratégique sur l’avenir de de l’agriculture de l’UE fait couler beaucoup de tweets en cette rentrée.
Agriculture Stratégies se devait d’en faire une analyse approfondie, d’en comprendre les impacts, d’en projeter les conséquences.
Froidement et sans parti pris.
Si l’analyse est détaillée dans notre site, il est toujours intéressant de s’attacher à la forme quand il s’agit de communication de la commission européenne.
Un très consensuel résumé, lissé par l’effet des traductions, a donné à ceux qui n’avait pas le temps de lire les 110 pages en anglais les possibles contours d’une future PAC révolutionnaire.
Une manière de tester ce qui pourrait être acceptable ou souhaitable à défendre dans ce processus très long de renégociation.
Le consensus obtenu dans ce rapport préalable aux négociations est une réelle prouesse de la part de ses organisateurs en obtenant le soutien de l’ensemble des parties prenantes.
Des ONG qui challengent le verdissement, la santé, le bien-être animal, la durabilité.
Une profession agricole qui obtient les moyens de relever le challenge de nourrir et réparer la planète Europe au moyen d’un financement spécifique dédié à ces investissements, qui insiste sur le besoin de rendre le métier attractif et d’assurer le renouvellement de génération.
La nécessité de gérer d’anticiper les crises et les aléas climatiques.
Le pitch est parfait : il faut développer une offre vertueuse, stimuler la demande pour ces produits, financer les investissements nécessaires, et combler l’écart entre le prix de marché et le coût de production des produits vertueux avec de l’argent public.
La Commission peut rédiger sur du velours et l’on voit difficilement un Parlement s’opposer à un tel consensus soutenu officiellement par tous les participants et surtout les plus concernés : les agriculteurs européens.
En tant qu’agriculteur européen, je suis heureux de lire une profession agricole pro active, se positionnant en acteur de la transition et demandant comme tout bon professionnel d’avoir les moyens d’accomplir cette mission pour le bien commun.
En tant que citoyen européen, je suis heureux que les agriculteurs se sentent investis et que cet avenir se fasse autour d’eux.
En tant que chef d’entreprise pragmatique, je m’interroge sur la capacité de l’action politique à réorienter une demande alimentaire, à protéger notre marché si fragile et aux conséquences de ces décisions sur le revenu de ma ferme.
Le chemin vers cette agriculture plus durable et résiliente que nous voulons tous sera long et comporte une prise de risque lié aux changements des pratiques qu’il impose.
Le dialogue autour d’un vrai Projet Agricole Commun est nécessaire et doit se poursuivre.
Un projet dynamise, inspire, accélère l’obtention d’un résultat
Une réglementation ralenti, se perd dans les compromis dans les traductions et transcriptions…
Or, nous n’avons plus le temps de tergiverser
Obtenir des résultats en 2050, c’est avoir un plan d’action en 2030.
Bonne lecture,
Bernard Ader, Président d’Agriculture Stratégies,
Le 16 septembre 2024
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Voir également sur le sujet l’interview réalisée par Emmanuelle Ducros pour l’Opinion : https://www.lopinion.fr/economie/alessandra-kirsch-leurope-prepare-une-agriculture-hyper-vertueuse-qui-ne-la-nourrira-plus
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