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Bonjour,
Le changement climatique est au cœur des préoccupations de toutes les grandes entreprises, au point de pousser McKinsey à publier un rapport sur ses conséquences socio-économiques. Parmi les thèmes étudiés, on retrouve la sécurité alimentaire et les chocs de prix agricoles. Partant du constat que le ratio stocks de fin de campagne / consommation est le principal facteur explicatif des flambées de prix, cette étude plaide pour davantage d’investissements dans les capacités de stockage et un pilotage intergouvernemental des stocks alimentaires. Réinstaurer l’Etat comme assureur en dernier recours figure également parmi des recommandations qui pourraient intéresser à l’OMC où le stockage public à vocation stabilisatrice reste illicite.
Ces conclusions font indéniablement écho à celles du GIEC sur le rôle de l’agriculture et du commerce international dans son rapport sur les terres émergées et le climat. Cet ouvrage exhaustif nous livre de précieuses informations sur notre système alimentaire. Il montre que si l’agriculture est un important poste d’émissions de gaz à effet de serre anthropiques, d’importants progrès ont été effectués et que les autres maillons de la chaine alimentaire ont un important rôle à jouer. Les enjeux de sécurité alimentaire, de migrations et de commerce international sont également traités : le rapport du GIEC appelle à considérer la dépendance aux marchés internationaux comme un risque dès lors que le dérèglement climatique se renforce et que rien n’est fait pour améliorer le fonctionnement des marchés.
Le troisième article que nous vous proposons traite du rapport que France Stratégie a récemment consacré à la PAC. Intitulé « entre assistanat aveugle et risque d’effet ‘gilets jaunes’ », nous y critiquons les deux propositions phare du rapport : octroyer une aide de 8000€ par actif en lieu et place des aides à l’hectare et instaurer 6 dispositifs de bonus-malus et de taxes en faveur de l’environnement à l’échelle française.
PAC encore, nous revenons également sur la série d’articles du New-York Times (NYT) sur les détournements de la PAC sur la base de l’article de Bertrand Valiorgue et Xavier Hollandts dans The Conversation. La lumière portée à cette occasion sur des phénomènes de concentration des terres dans l’est de l’UE est-elle de nature à faire bouger les lignes pour la prochaine PAC ? On peut l’espérer tant la reféodalisation des campagnes européennes touche aux valeurs européennes et au modèle d’agriculture familiale, socle de l’Europe politique depuis sa création.
PAC toujours, nous commentons l’article de Delphine Jeanne de Terre-Net qui montre que la crise sucrière est non seulement économique mais morale. Titré « syndicalisme et coopération en pleine thérapie de couple », cet article montre que le chemin semble encore long avant que les acteurs de la filière se convainquent que leur avenir passe par une reconstruction de la politique sucrière européenne. Une reconstruction qui devrait, selon nous, s’échafauder à partir d’une stratégie européenne de flexibilisation de la politique de biocarburants.
Enfin, car en matière de régulation il est toujours intéressant de regarder ce qu’il se passe outre-Atlantique, nous mettons en évidence que les Etats-Unis de Donald Trump multiplient les décisions en faveur de l’agriculture américaine. Outre l’accord commercial passé avec la Chine qui garantit 40 milliards de dollars d’importations agricoles américaines pour les deux prochaines années, la refonte de l’ALENA a conforté les outils de régulation à l’œuvre pour le sucre et le lait. Un nouveau volet d’aides d’urgence (16 milliards de dollars) a été déployé, et les compagnies d’assurance ont reçu l’obligation de payer davantage les agriculteurs touchés par des inondations. Autant de mesures qui ont permis aux revenus américains de progresser pour la troisième année consécutive et qui, on l’espère, inspirerait l’Union Européenne.