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Dans une étude de février 2021[1], l’APCA fourni un éclairage très intéressant sur le contenu en importation des produits agroalimentaires transformés en France. Elle explique ainsi que la valeur ajoutée du secteur «Agriculture » dépend davantage des importations que de notre capacité à exporter. En effet, « les industries de la transformation importent toujours plus de produits intermédiaires qui entrent dans la composition du produit fini, puisque la part [des produits importés dans les ressources totales] est passée de 11% en 1985 à 20 % en 2018 ».
La banche agriculture a ainsi vu sa dépendance aux importations augmenter, puisque cette part des importations dans les ressources totales a augmenté de 5% pour arriver à 20% entre 1994 (mise en œuvre des accords du GATT) et 2018. Une partie de ces produits importés (alimentation, matières premières, intrants, services) est ensuite intégrée dans le produit fini, que l’on peut évaluer au travers de la part des consommations intermédiaires importées. Le taux des consommations intermédiaires importées de la branche agroalimentaire française est de 15% en 2014 ; à titre de comparaison, cette dépendance aux importations des Etats-Unis n’est que de 7%.
La capacité exportatrice de la France, déjà remise en question par de nombreux observateurs, est donc de plus en plus dépendante de ses importations. Néanmoins, la suite de l’étude précise le contenu en importation de nos exportations, aidant à définir dans quelle mesure la France exporte des denrées alimentaires qu’elle a elle-même produites…ou simplement transformées.
Les éléments présentés montrent alors que la part des produits strictement agricoles et alimentaires des consommations intermédiaires importées dans les branches Agriculture et Produits alimentaires « est resté plus modérée et relativement stable sur la période étudiée »[2]. Elle est estimée à 8% pour la France en 2014 (4% pour les Etats-Unis). Néanmoins, cette apparente stabilité doit être prise en compte au regard d’une augmentation globale des consommations intermédiaires du secteur ; elle traduit donc une augmentation du contenu importé. L’augmentation de la dépendance aux importations dans nos produits finis semble alors davantage liée à des importations de produits non agricoles (engrais, produits phytosanitaires, produits pétroliers), ce qui, comme le soulignent fort justement les auteurs, interroge sur la largeur du spectre que doit englober la réflexion sur la souveraineté alimentaire. En effet, les chiffres présentés au début de l’étude montrent que l’industrie française dépend davantage des importations que le secteur agricole, faisant d’ailleurs échos aux résultats présentés dans le rapport sur la compétitivité agricole[3] de l’APCA de janvier 2021, qui alertent sur le manque de compétitivité des industries françaises.
Lien vers l’étude :
https://chambres‑agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/National/Analyses-perspectives-Souverainete-fevrier-2021.pdf
Alessandra Kirsch, Directrice des études d’Agriculture Stratégies
Le 1er avril 2021
![1] Analyses et Perspectives n°2103 — Février 2021 – par Quentin MATHIEU et Thierry POUCH
[2] NLDR : Néanmoins, cette analyse doit être prise avec précaution, puisque les données sont en valeur en euros courants. Au vu de l’évolution de la balance commerciale agroalimentaire française, la variation du contenu en importation de produits agricoles, notamment bruts, devrait faire l’objet d’investigations supplémentaires.
[3] https://chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/National/Rapport_Competitivite_Janvier_APCA_2021.pdf
Une fois de plus, l’étude APCA ( je n’ai lu que le résumé fait dans votre article) confond souveraineté alimentaire et autosuffisance alimentaire, ce qui dénature le concept de souveraineté alimentaire et de sa force en terme de politique agricole et de droit international.